Clampage du cordon, c’est quoi, c’est quand, c’est comment?

Le clampage du cordon ombilical, que l’on associe communément à « quand on coupe le cordon » fait de plus en plus parler de lui. On lit et entend pas mal de choses à ce sujet mais quels sont les enjeux exactement? L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) publie régulièrement des informations en fonction des résultats d’études notamment et recommande depuis 2013 un « clampage tardif du cordon », c’est-à-dire entre 1 et 3 minutes après la naissance du bébé. Dans les projets de naissance « clé en main », il y a aussi cette notion qui revient de « clampage tardif ».

Mais pourquoi « tardif » si ça doit être la norme? C’est quoi la différence entre le clampage et la coupe? Quel est l’impact d’un clampage « immédiat »? Est-ce douloureux pour le bébé? A quoi sert exactement ce cordon? Qui doit le couper – souvent c’est le papa qui a ce rôle mais si on retarde, cela change-t-il quelque chose pour lui? Comment le couper? Est-ce nécessaire?

Voilà les essentiels de cet article 😉

Différence entre clampage et section, qu’est-ce que le cordon ombilical?

Le clampage consiste à pincer à deux endroits le cordon en prévision d’une section. Clamper permet d’éviter de faire gicler le sang contenu dans le cordon au moment de la section.

Les pinces utilisées par les professionnels de santé sont en plastique généralement mais on peut tout aussi bien utiliser de petits liens en tissu ou en corde par exemple pour clamper tout aussi efficacement, le geste est simplement un peu plus long.

Pour résumer: on clampe puis on coupe.

Pour couper, on peut utiliser une paire de ciseaux classiquement ou encore brûler le cordon (en prenant soin de se mettre à une distance suffisante du bébé bien entendu) avec une bougie. L’odeur peut être légèrement désagréable mais cela permet une fois encore d’adoucir la séparation qui se fait alors plus lentement (comptez bien 15-20 minutes pour sectionner complètement le cordon à la flamme). D’après la médecine chinoise, brûler le cordon plutôt que de le couper permet de diffuser tout le long une douce chaleur jusqu’au nombril de l’enfant et à ce dernier de récupérer ainsi tout le Qi (force vitale) contenue dans le placenta.

Le cordon ombilical est composé de deux artères et une veine, le tout recouvert d’une sorte de gélatine destinée à protéger la circulation sanguine. Il mesure entre 40 et 60 cm en moyenne (il peut aussi faire plus ou moins) et environ 2 cm d’épaisseur. Il permet de faire le lien entre le placenta collé à la paroi de l’utérus de la mère (donc la mère) et le bébé qui nage dans son liquide. Grâce à ce lien, le bébé reçoit oxygène et nourriture et peut évacuer ce dont il n’a pas besoin. Il est donc totalement vital pour l’enfant, sans lui, il ne peut survivre le temps de grandir suffisamment pour naître.

Mais une fois né, à quoi sert-il…?

Le cordon à la naissance

Il y a de nombreuses croyances au sujet du cordon, notamment les tours de cordon autour du cou qui pourraient provoquer des risques de strangulation (FAUX!!), le fait que si le cordon n’a pas été coupé et que le bébé se trouve au-dessus du placenta, le bébé risque de se vider de son sang (FAUX!!) etc.

Faisons le point si vous voulez bien 🙂

Concernant ces tours de cordon, ils sont assez fréquents en effet mais bien souvent sans risque si la physiologie est respectée. Parfois, il y a même plusieurs tours qui sont faits, dus à la longueur du cordon, au fait que le bébé ait beaucoup gigoté avant de se lancer dans la descente, … Dans tous les cas, les risques de strangulation sont réels si l’on tire sur le cordon alors qu’il est encore autour du cou du bébé ou qu’à l’inverse on tire sur les pieds du bébé (s’il naît les pieds d’abord), que le cordon est court et que le bébé reste coincé.

Sinon, ce qu’on craint c’est que trop de pression sur le cordon limite l’arrivée d’oxygène et fatigue le bébé en train de naître (possible si le cordon est pressé entre la paroi vaginale de la mère et la tête ou l’épaule du bébé). C’est tout. Dans ce cas évidemment, le personnel soignant intervient pour soit vous aider à faire en sorte qu’il n’y ait plus de pression en changeant de position, soit accélérer la naissance.

Pour ce qui est de cette histoire de « vase communicant », selon laquelle le bébé risque de se « vider de son sang » (quelle horreur!) s’il est plus haut que le placenta, ce n’est bien évidemment qu’une légende. Le sang est fait pour circuler à travers le cordon dans les deux sens et ce quelle que soit la situation du bébé par rapport au placenta. L’arrivée d’oxygène se fera donc et l’évacuation des déchets aussi – et seulement des déchets!

Maintenant, qu’en est-il du « bon » moment pour couper le cordon?

On coupe!?

Tout d’abord, sachez qu’il est tout à fait possible de ne rien couper du tout. Cela s’appelle un bébé lotus. Cette pratique ancestrale d’origine hindoue consiste à laisser le cordon se séparer du nombril du bébé seul, en séchant de lui-même. Cela peut prendre entre 3 et 10 jours. Durant cette période, il faut transporter le bébé avec son placenta préalablement nettoyé, salé et couvert d’un linge pour éviter les odeurs et les risques d’infection (certains ajoutent aussi des herbes aromatiques comme la lavande ou le thym pour purifier, on peut aussi envisager les huiles essentielles).

A l’origine de cette pratique résidait l’idée qu’ainsi le bébé pouvait bénéficier de la totalité du sang contenu dans le placenta. En réalité, on sait aujourd’hui que si l’on attend quelques minutes, le cordon finit par s’arrêter de battre, ce qui est synonyme d’un arrêt de la circulation sanguine à l’intérieur. Le cordon devient alors rose, rosâtre, puis blanchâtre; plus aucun sang n’y circule, il ne sert plus à rien de le laisser accroché au bébé qui a récupéré tout ce qu’il y avait dans le cordon.

D’après les défenseurs de cette pratique, laisser la nature faire son œuvre et assécher le cordon jusqu’à ce qu’il se détache permettrait d’adoucir la séparation d’avec la mère et le placenta qu’induit la naissance et rendrait le bébé plus doux, plus calme, apaisé. C’est également une très jolie symbolique, surtout si l’on considère que le placenta est le double du bébé (ce qui est le cas génétiquement).

Si vous préférez couper (pour des raisons pratiques ou autres), il reste néanmoins la question du quand? Comme je le disais plus haut, il est indéniable que le cordon regorge encore de sang lorsque le bébé vient de naître. On pourrait donc imaginer que le plus respectueux, le plus physiologique, serait d’attendre qu’il n’y ait plus de sang à l’intérieur pour couper. D’ailleurs, et je vous le précisais en début d’article, l’OMS préconise d’attendre entre 1 et 3 minutes avant de couper le cordon. Ce court laps de temps relève déjà de la notion de tardif d’après les protocoles en maternité (qui tendent de plus en plus à changer d’ailleurs). Ces quelques minutes sont-elles suffisantes? Chaque naissance et chaque bébé sont uniques!

Quel intérêt d’attendre?

Physiologiquement, couper le cordon dès la naissance reviendrait à priver le bébé d’un tiers de son sang (puisqu’il est en échange permanent avec le placenta tant que celui-ci est accroché à la paroi utérine de la mère et que même après s’être décroché, il en conserve encore un peu forcément que le bébé peut récupérer avec tous ses nutriments si on lui en laisse le temps).

Pourquoi ne pas attendre alors? Les raisons sont variées. Il peut y avoir une nécessité urgente de vérifier que le bébé va bien et pour faire correctement lesdits contrôles, le bébé doit être éloigné de sa mère. En structure médicale, il est difficile d’envisager d’emmener le bébé avec son placenta car c’est un organe interne, sanguinolent à sa sortie du corps de la mère puisque son rôle est d’assurer les échanges via le sang et donc potentiellement dangereux pour les autres personnes, il risque aussi de s’infecter en étant trimballé de service en service.

La mère peut aussi avoir besoin de soins rapidement, mais là se pose la question de savoir si l’on ne peut pas garder le bébé avec son placenta près de lui quelques minutes supplémentaires.

A voir donc avec ce que vous souhaitez, ce qu’il est possible de faire là où vous accoucherez, en fonction de ce que les équipes ont l’habitude de pratiquer, ce qu’elles peuvent concilier avec leurs protocoles.

Et si on coupe tout de suite, ça prive le bébé d’un tiers de son sang, du coup ça lui fait mal et c’est pour ça qu’il pleure? Alors non ça ne lui fait pas mal de « manquer » de sang, en revanche ce qui peut lui faire mal c’est d’être brutalement privé d’oxygène, de devoir donc prendre une grande inspiration par ses tout petits poumons tout neufs et ainsi avoir toutes ses petites alvéoles gonflées à bloc d’un coup pour la première fois. Ça, ça peut être douloureux, mais ce n’est qu’une hypothèse. Jusque là, cette manœuvre lui était inutile car même hors de l’utérus, tant que le bébé est relié au cordon, il peut s’oxygéner via le sang et doser ainsi son effort respiratoire avec ses poumons en fonction de ce qui lui est acceptable. Dans tous les cas, la sensation de « manquer d’air » est troublante pour lui et vous savez que quand un bébé est gêné, même dans ses premiers instants… il pleure! C’est son seul moyen de communication au départ donc il pleure.

Qui coupe?

Dans nos sociétés occidentales, nous avons pour habitude de dire que c’est au père de couper le cordon. Cela revêt aussi évidemment un sens tout autre que basiquement pratique, puisqu’on peut aussi ici sous-entendre que le père doit « séparer » la mère de l’enfant, « faire/être le tiers séparateur ».

Mouais… Je ne suis pas un homme et ne pourrais donc jamais être père mais là comme ça, ça ne me dit trop rien… Comme si le « rôle », la « place » du père était seulement de faire rempart entre un bébé et sa mère. Étrange non? Et pourquoi surtout? Surtout qu’en plus ici la séparation se fait entre le placenta et le bébé et non entre la mère et le bébé…

D’après ma modeste expérience d’accompagnement auprès des pères et des discussions avec d’autres de mon entourage, ce qui revient le plus souvent dans cette tâche de couper le cordon est l’importance de « faire quelque chose », d’être actif, utile dans la naissance. Alors que fondamentalement, le père, le-la partenaire peut être utile de tellement de façons pendant toute la traversée de l’accouchement (massages, mots doux, encouragements, caresses, soutien, bercements, bains, vocalises…).

Et puis pourquoi ces mots « rôle », « place »? Chacun prend la place qu’il veut en fonction de ce qu’il veut, peut et que les autres lui laissent. Il s’agit donc de prendre en compte tous ces paramètres, extrêmement variables d’une famille à une autre pour réellement qualifier le « rôle » ou la « place » du père. Cela fait beaucoup pour quelques centimètres de vaisseaux entourés de gélatine … C’est aussi très réducteur puisque le père peut accueillir en première intention le bébé qui arrive si la mère ne le fait pas déjà (si elle est occupée à faire son retour par exemple 😉 – j’en parlerai dans un autre article) , il peut aussi lui offrir son premier peau-à-peau, partager avec la mère les premiers regards, les premières caresses pour permettre au bébé d’être colonisé par les bactéries familiales.

Mieux qu’un simple coup de ciseaux non? 😉 Maintenant on peut aussi faire le tout! Dans tous les cas, que ce coup de ciseaux / ce brûlage, arrive immédiatement après la naissance ou dans les minutes qui la suivent, l’aspect technique reste identique, il suffit juste de savoir ce qui est accepté par les équipes de la maternité dans laquelle vous allez accoucher.

A vous de voir, réfléchir, projeter, choisir… A bientôt dans votre bulle 🙂

 

 

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