Séjour à la maternité, premiers jours avec bébé, comment s’y préparer? 2/3

Nous allons voir ici ce qui concerne le corps de la nouvelle mère, juste après l’accouchement (les saignements, la montée de lait, les tranchées, le bouleversement émotionnel,…) et comment s’y préparer.

La physiologie chez la jeune mère – comment est votre corps tout de suite après la naissance?

Vous venez de vivre un des plus grands efforts de votre vie, votre corps a connu la plus grande des expansions et doit retrouver son état de départ, ou du moins tendre vers cet objectif.

Les tissus de votre vulve, de votre plancher pelvien, de votre ceinture abdominale, de vos cuisses ont été très sollicités et peuvent être ramollis. Votre ventre par exemple peut « pendouiller » un peu maintenant qu’il est « vide » (mais vos bras sont pleins 😉 ). Il retrouvera bientôt sa tonicité mais pour l’heure, il est mou et ce n’est pas toujours facile à accepter. Cela peut même d’ailleurs être une sensation très étrange après avoir accueilli la vie pendant 9 mois. Vous pouvez avoir des difficultés à vivre cette drôle d’absence car vous vous étiez habituée à partager votre corps. Si c’est le cas, n’hésitez pas à en parler avec votre conjoint, à partager ce sentiment avec votre bébé aussi si cela impacte trop lourdement votre humeur et vous rend maussade ou triste, avec votre accompagnante évidemment qui est là pour vous aussi en post-natal.

Toute la zone périnéale a vécu l’accouchement, s’est étirée, étendue, peut-être même déchirée, a été recousue. Vous pouvez sentir des tiraillements, des échauffements, de la tension, de la douleur. Pour limiter ces sensations désagréables, vous pouvez demander des anti-douleurs à l’équipe médicale si vous le souhaitez. Sinon, pour accélérer la guérison, vous pouvez appliquer du miel (de grande qualité, bio de préférence de thym ou de lavande et à l’aide d’une cuillère propre) ou de l’argile verte (en couche épaisse, à retirer une fois sèche) directement sur les plaies.

Des serviettes hygiéniques imbibées d’eau florale d’hamamélis et conservées au congélateur pendant la grossesse peuvent aussi être portées pour apaiser la zone et soulager les sensations désagréables – le froid aidera également à faire dégonfler les tissus.

Dans la même logique, vous pouvez demander des préservatifs remplis d’eau et conservés au congélateur que vous appliquerez sur la zone périnéale entourés d’une gaze pour ne pas être brûlée par le froid. En faisant cela vous aurez un soulagement quasi-immédiat (effet anesthésiant du froid) et une action dégonflement.

La montée de lait, que se passe-t-il, que puis-je faire?

Au niveau des seins, l’ocytocine délivrée lors de l’accouchement et le travail de préparation tout au long de la grossesse va permettre la mise en place de la montée de lait. Toutefois, cela ne va pas être immédiat après la naissance, il vous faudra attendre en moyenne J2, voire J4 pour voir du lait blanc nacré sortir de vos seins (souvenez-vous que le jour de la naissance correspond à J0). Avant cela, ce sera du colostrum, jaune, épais et salé si vous le goutez. Contrairement au lait qui sort en jet, le colostrum s’exprime en goutte à goutte. Cela s’explique par sa densité et sa composition nutritive – il est très nourrissant. Quelques gouttes suffisent ainsi amplement à votre nouveau-né dont l’estomac est de toute façon tout petit.

Les premières tétées de votre enfant – si vous souhaitez l’allaiter, seront donc de colostrum. Au fil des heures et des jours, à force de sollicitation avec la succion, la montée de lait va progressivement se mettre en place et le bébé aura le lait de transition puis le lait mature, blanc nacré.

Cette période de montée de lait peut engendrer plus ou moins de tension dans la poitrine de la mère, plus ou moins de sensation douloureuse, de chaud, de rougeur. Le mieux pour limiter ces désagréments est de proposer le sein aux premiers signes d’éveil de l’enfant (léchage de lèvres, tête qui « cherche », petits gémissements) quelle que soit la fréquence de la demande.

Vous pouvez aussi, entre deux tétées, glisser une feuille de chou sur chaque sein pour atténuer l’inflammation (chaud + rouge) et rendre le processus plus supportable s’il est trop contraignant (retirez-les dès qu’elles deviennent brunes et mettez-en de nouvelles, vous pouvez aussi les mettre quelques heures au frigo avant pour augmenter l’effet décongestionnant si c’est possible là où vous êtes).

Toujours en vue de soulager cette tension dans les seins, le chaud aide à faire sortir le lait et le froid soulage l’inflammation, vous pouvez donc sous la douche passer du chaud sur votre poitrine pour évacuer le trop plein de lait puis passer un gant froid pour limiter la sensation d’échauffement des tissus sur-sollicités par la production lactée.

Je vous rassure, cette tension dans les seins ne dure pas longtemps, c’est l’affaire de quelques heures, voire quelques jours au maximum, le temps que de colostrum, le lait devienne mature. Comme il s’agit là de mécanique, il n’y a que la succion qui permettra la vidange efficace et accélèrera la transition vers le lait mature. Si bébé ne peut pas téter, on optera pour l’expression manuelle (demandez à une sage-femme ou à votre accompagnante si vous ne savez pas comment procéder) ou le tire-lait. N’oubliez pas que c’est grâce à l’ocytocine que le lait sort des seins, les câlins, le peau-à-peau, l’eau chaude seront donc encore une fois vos alliés!

Pour les mamans qui choisissent de ne pas allaiter, signalez-le à l’équipe de soignants rapidement après la naissance afin qu’ils puissent vous donner des comprimés destinés à arrêter la montée de lait. Vous pouvez aussi envisager des solutions plus naturelles telles que des infusions de sauge, consommer du persil frais ou en jus ou encore de la menthe, l’action sera plus douce. N’hésitez pas à vous rapprocher d’un aromathérapeute en cas de doute.

Les tranchées, késaco?

Quelques heures après l’accouchement, votre utérus va reprendre ses contractions pour retrouver son volume initial. Ces contractions s’intensifient généralement avec le nombre d’accouchements, certainement car l’utérus perd en tonicité et se relâche en peu plus à chaque nouveau bébé accueilli.

Ces tranchées peuvent durer quelques jours, en moyenne jusqu’à J3, parfois plus, parfois moins. Pour mieux les supporter, on peut mettre de la chaleur avec une bouillotte par exemple, resserrer le bassin avec un rebozo ou un bandage du ventre s’il n’y a pas eu de césarienne. Techniquement, rien ne peut vraiment arrêter ces contractions, comme celles du travail quand il est lancé. Il s’agit donc de les accueillir avec bienveillance, elles viennent remettre de l’équilibre dans votre corps qui vient d’accoucher, c’est salutaire 🙂

Et mes hormones?

On l’a dit, l’ocytocine a la part belle sur ces premiers jours puisqu’elle permet à l’utérus de retrouver son volume initial et à l’allaitement de se lancer (son rôle exact est de faire sortir le lait en faisant se contracter les cellules qui stockent le lait dans les seins). Pour qu’elle puisse faire son œuvre, comme lors de l’accouchement, il s’agit de favoriser les conditions de bien-être, de confort, de confiance, d’amour.

Toujours en lien avec l’allaitement, la prolactine permet quant à elle la fabrication du lait. Elle a également une action sur le sommeil, le rendant plus réparateur même si davantage fractionné. Elle a une action apaisante, décontractante. C’est également à elle que nous devons l’infertilité temporaire des premiers mois d’allaitement (seulement les 6 premiers mois et s’il y a moins de 6 heures entre chaque tétée entre autres, par pour tous les critères de la méthode MAMA).

Néanmoins, d’autres hormones, celles de la grossesse, qui étaient à des taux élevés vont chuter maintenant que votre bébé est né (la progestérone, la gonadotrophine chorionique humaine ou HcG – celle dont on vérifie le taux pour valider que vous êtes enceinte, les œstrogènes), ce qui bouleverse votre état émotionnel aussi (pour en savoir plus hormone par hormone, c’est par ).

(Source: Omum.fr)

Pourquoi y a-t-il des « couches » sur la liste du matériel à apporter à la maternité…?

Pour absorber les saignements d’après accouchement bien sûr! 😉

Leur petit nom à eux c’est les lochies, ce sont les pertes sanguines observées après l’accouchement qui durent en moyenne 6 semaines, le temps nécessaire à l’utérus pour une guérison complète. Pour faciliter cette réparation des tissus, le mieux est de garder un maximum la position allongée (de toute façon c’est le mieux aussi pour le démarrage de l’allaitement puisque vous pouvez toute entière vous plonger dans votre baby moon avec bébé et votre partenaire, apprendre à vous connaître, laisser le tissage s’opérer…).

En termes d’alimentation, le tiède, le mou, l’humide sont les termes clés utilisés en Ayurvéda pour cette période du post-natal. Vous pouvez ainsi trouver des soupes, des dals, des riz bien cuits, des ragouts qui vont ménager les intestins et apporter ce qu’il faut de nutriments et de réconfort.

Je vais en suer?

Ces premiers jours peuvent aussi être teintés d’une sudation excessive, quelle que soit la saison. Il s’agit ni plus ni moins de la perte de l’eau accumulée pendant la grossesse. Tout est ok 😉

On m’a dit que j’allais perdre mes cheveux… Vrai?

La physiologie l’explique par un système boosté pendant la grossesse qui retrouve son rythme naturel et décompense pendant la transition. Donc oui, c’est très probable que vous observiez une perte capillaire. Néanmoins, vous ne perdrez pas plus de cheveux que d’habitude. En réalité, c’est plutôt que la perte normale a été mise entre parenthèses pendant la grossesse et vous l’observez maintenant en post-natal et en accéléré du coup. Ça explique aussi la belle chevelure de la grossesse 😉

Donc les hormones sont responsables oui, mais pas que! N’hésitez pas à vérifier que vous n’avez pas de carence, spécifiquement en vitamine B8 (que l’on trouve dans la levure de bière, le lait, le jaune d’œuf, les cacahuètes et le foie). Le manque de sommeil et le stress peuvent aussi jouer (le magnésium peut être un bon soutien, on le trouve dans les oléagineux, les fruits secs, les abricots, les céréales complètes, l’avocat et le chocolat par exemple).

En général, on observe cette perte de cheveux physiologique plutôt dans les premiers mois et pas dans les premiers jours post-natals.

 

Et pour bébé…? (la suite dans un autre article)

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