Qu’en est-il? Qu’est-ce qu’est véritablement le bonheur? Existe-il une seule définition ou chacun a-t-il la sienne? Evolue-t-elle en fonction des moments de la vie ou même de la journée, des événements vécus? A-t-on tout ce qu’il faut en nous ou y a-t-il des recettes à suivre? Fonctionnent-elles vraiment et pour tous? Sommes-nous plus heureux en fonction du pays où l’on vit? Le Bhoutan promeut même le Bonheur National Brut plutôt que le Produit Intérieur Brut.
Et la maternité dans tout ça? Est-ce une des recettes vers le bonheur?
Ce que je peux vous dire c’est que je n’ai pas de recette et il me semble évident que personne n’en a pour les autres. En revanche, de la même façon que chacun peut dire pour lui seul s’il a froid ou chaud, faim ou soif, il peut aussi dire ce qui lui plait ou non, qui lui fait du bien ou non, s’il se sent bien ou non.
Peut-on dès lors envisager que plein de petits « biens » reviendraient à ressentir un sentiment de contentement général qui s’apparenterait au bonheur? Il n’y a que vous pour le dire ;).
En tous cas, une chose est sûre, le plaisir qu’il soit émotionnel ou physique, par procuration ou direct s’observe dans le cerveau par des petites décharges électriques dans certaines zones. Donc, être heureux pourrait revenir à se faire du bien non?
Pourquoi se faire du bien?
Parce que ça nous met dans un état de bien-être et que c’est confortable, agréable, ok. Mais encore? Parce que ça prolonge l’espérance de vie en améliorant notre immunité, améliore nos relations aux autres, notre confiance en nous aussi.
Bon, et comment s’y prendre?
On l’a dit, il y a 1001 recettes. Je vais même dire qu’il y a autant de façons que de personnes et surtout ces façons dépendent de notre état du moment. Par exemple, si l’on se réfère à l’ocytocine qui est l’hormone du plaisir, de l’amour et de l’attachement, on sait qu’elle est sécrétée quand on est dans l’eau chaude et donc détendu, quand on fait un câlin à quelqu’un qu’on aime, quand on fait l’amour, quand on parle ou partage quelque chose avec quelqu’un qu’on aime, quand on mange des choses qu’on aime, quand on prend une boisson chaude (si on aime ça!), quand on fait une activité qu’on aime.
En d’autres termes, quand on sait ce qu’on aime et qu’on le fait.
Mais savez-vous ce que vous aimez? Cela peut être de petites choses simples (mettre ses grosses chaussettes tricotées par mamie, se faire un thé et prendre le temps de le savourer, se faire un auto-massage, en recevoir un ou en donner un, lire quelques pages d’un roman, jouer à un jeu, se promener en forêt, faire de la peinture, méditer, prendre le temps, son temps…).
Donc ça peut se faire seul ou à deux ou plus, avec ou sans matériel et à peu près partout. Super! 🙂
Maintenant le lien avec la maternité siouplé!
Deux angles: la maternité rend-elle heureux-se-s / quel impact sur ladite maternité?
Pour moi (et là encore cela n’engage que moi), rien n’est moins sûr.
En effet, la phase de conception est une période de grands chamboulements. On se pose des questions (je veux vraiment un bébé? pourquoi? est-ce le-la bon-ne partenaire? maintenant? et la maison?…).
Après, il y a la grossesse avec son lot de questions, de changements physiques et de tsunamis hormonaux (Jean qui rit, Jean qui pleure vous connaissez? Et le pire c’est que c’est vraiment important pour la femme, le bébé, le devenir mère, le lien d’attachement,…!) pas faciles à accepter seule et en couple on double la mise.
Puis, il y a l’accouchement que l’on prépare plus ou moins mais qui bouleverse toujours. Quelle que soit la façon dont il se passe (césarienne, anticipé, accompagné, préparé, dans l’eau, avec péridurale, hypnose, ou que sais-je) on n’en ressort à jamais changée et pour cause! On ne sera plus jamais la femme qui n’a pas vécu cet accouchement donc on sera différente … et mère de surcroît!
Enfin vient l’arrivée de l’enfant (ou des enfants) avec les rythmes, les habitudes, les repères qui sont modifiés (pour ne pas dire piétinés) et qu’il faut faire siens désormais.
Bien sûr, vous trouverez toujours des femmes, des couples, pour qui tout n’a été que bonheur et paillettes. La chance! … Pas sûr qu’ils parlent de la période entière… 😉
Toutefois, il est tout à fait possible de garder un sentiment globalement positif de l’expérience et il est vrai qu’avoir des enfants permet d’avoir des occasions d’être heureux (premier sourire, rire, câlins, les « ze t’aime »,…). Mais il n’y a pas de quoi rougir, culpabiliser ou avoir honte si certains moments ont été rudes, lourds, que vous êtes passé-e-s près de la rupture (psychologique ou conjugale hein!) parfois ou souvent. D’abord c’est une période qui est longue donc je mets n’importe qui au défi d’être heureux tout le temps aussi longtemps, puis marquée par tant de transformations! On sait que tout a toujours deux versants: un positif et un négatif. C’est valable pour un déménagement, un changement de poste donc pourquoi pas pour la maternité?
Du coup, je vous laisse réfléchir à la question « la maternité rend-elle heureux-se-s? » ;).
Pour l’autre point, l’impact sur la période de la maternité, on peut le voir de plusieurs manières. A court terme évidemment ce seront la confiance en soi, la relation aux autres, l’état général de la personne qui seront impactés positivement ou non.
Précisons néanmoins d’une part que cet état de contentement, de bien-être (disons « sentiment de contentement » ou « bien-être » plutôt que « bonheur » que nous n’avons pas vraiment défini d’accord?) n’est pas linéaire, c’est un état. Il va et vient, plus ou moins facilement et pour des périodes plus ou moins longues. D’autre part, que les changements hormonaux dus à la grossesse accentuent l’intensité des émotions vécues et la fréquence de leur alternance.
Ensuite, le fait d’avoir désirer pleinement ou non la grossesse, si les conditions socio-économiques sont favorables ou non, s’il y a eu un décès, un changement (déménagement, changement de poste, rupture conjugale dans son propre couple ou même chez des proches), des complications autour des précédentes maternités, une maladie, une relation à sa propre mère un peu chaotique ou inexistante,… peuvent impacter la façon de vivre la maternité et donc rendre le sentiment de contentement, de bien-être plus ou moins difficile à atteindre et conserver.
Les impacts se ressentent aussi sur la relation avec le bébé qui est dans le ventre et qui interagit avec sa mère et son entourage, réagit aux voix, aux gestes, aux émotions. Il partage d’ailleurs aussi les hormones émises par la mère et bénéficie ainsi au même titre qu’elle de l’ocytocine (quand elle mange de la pâte à tartiner, prend un bain ou a un orgasme 😉 ) et du sentiment de contentement et de bien-être. Cela marche aussi dans l’autre sens, pour les sentiments de peur, stress, manque, tristesse, colère, et autres et donc des décharges d’adrénaline et noradrénaline qui passent très bien la barrière placentaire.
Prendre soin de soi permet aussi de se familiariser avec sa nouvelle image (de mère), son corps qui change, de savourer un temps précieux avec bébé in utero (c’est le début d’une merveilleuse relation!) et d’avoir du temps pour soi tout court 😉
Maintenant qu’on sait ça…
Et bien on a déjà matière à réfléchir non? Et puis on peut aussi essayer de penser à se remercier à chaque fois qu’on se fait du bien (vous verrez en fait ça arrive souvent, juste on ne s’en rend pas forcément compte ou alors ça va au contraire nous encourager à le faire davantage). N’oubliez pas d’être doux avec vous, pas qu’avec les autres!
Futures mamans, cela vous permettra aussi de vivre peut-être autrement votre grossesse. Futurs papas-compagnes, autorisez-vous à en profiter aussi (en parlant à bébé – n’hésitez pas à avoir des conversations avec lui, vous verrez il réagit très bien à votre voix qu’il entend souvent et connaît, Madame occupez-vous pendant ce temps ;), profitez aussi d’un temps que vous n’aurez peut-être plus pendant quelques mois ensuite).
Nouveaux parents, sachez qu’on ne s’occupe bien des autres que quand notre propre réservoir de contentement, de bien-être est suffisamment plein. Donc mamans spécialistes de la culpabilisation (créée en grande partie par la société) – dont je fais partie mais j’essaie de changer – vous avez le droit de penser à vous, de dormir, de déléguer, de rater, d’être fatiguée, de demander de l’aide! Pourquoi? Parce que vous êtes humaine, parce que c’est ça qui vous permet d’être la meilleure mère possible pour votre enfant (Winnicott le disait bien avec sa définition de la mère suffisamment bonne) et parce qu’il n’y a qu’en allant bien qu’on est en pleine capacité pour faire du bien aux autres, y compris s’occuper de son bébé. En plus, si vous arrivez à vous leurrer, à leurrer votre entourage, votre bébé lui vous ne l’aurait pas car il est branché en direct avec votre cœur et capte vos émotions. Ne l’avez-vous jamais constaté? 😉
Il en va de même avec les femmes enceintes d’ailleurs qui ont cette même capacité à déceler les vraies émotions et voir à travers les masques. On ne peut encore scientifiquement l’expliquer mais on l’observe assez bien.
Donc chacun sa recette, sa motivation, son résultat, mais faites-vous du bien 😉